Aller au contenu principal
x
vitiligo

Vitiligo : une maladie qui dépigmente la peau

Article du 19/07/2021, paru dans le journal La Provence, par Florence Cottin

Relativement fréquente, elle se caractérise par des taches blanches

Edouard Philippe l’assume. La tâche blanche qui est apparue sur sa barbe, il n’envisage ni de la raser ni de la teindre. Et pour mettre fin aux interrogations qu’elle suscitait, il en a dévoilé son origine : du vitiligo. Tiger Lily, mannequin engagé, après des années à se cacher derrière des couches de fond de teint s’affiche et milite aujourd’hui pour cette affection. En 2011, un autre mannequin, Winnie Harlow, avait mis en lumière son vitiligo en postant des photos d’elle sur les réseaux sociaux accompagnés d’un message : "Nous n’avons rien de différent. C’est juste la peau. Des gens ont la peau noire, d’autres la peau marron, moi j’ai les deux."
Affection de la peau qui se manifeste par l’apparition de zones de peau dépigmentées (les fameuses taches blanches) plus ou moins importantes, le vitiligo est une maladie auto-immune. Bénigne, elle touche 2% environ de la population en France. Et contrairement à l'idée longtemps véhiculée, le vitiligo n'augmente pas le risque de cancer de la peau. Des études épidémiologiques ont démontré que les mélanomes étaient trois fois moins fréquents chez les personnes atteintes par cette dermatose. Toujours est-il que cette maladie altère énormément la qualité de vie des patients.
"Comme toutes les maladies auto-immunes, elle est à dissocier du côté psychologique pour expliquer son apparition, explique en préambule le Docteur Sabrina Fourcade Roch, dermatologue à l’hôpital Européen. Aujourd’hui, on connait de mieux en mieux la physio-pathologie du vitiligo. C’est une maladie inflammatoire qui évolue par poussées. Concrètement, le système immunitaire attaque les mélanocytes de la peau et les détruit parce qu’il ne les reconnait pas comme appartenant au corps humain. Avec le vitiligo, il est très difficile de prédire son évolution car elle est très aléatoire d’un individu à l’autre ou chez le même individu."
Les zones de frottement comme le contour des yeux, la commissure des lèvres, les mains, les chevilles et les genoux sont généralement les premières zones atteintes.

Des traitements en plein essor

Poser rapidement le diagnostic permettra de mettre en place un traitement et stopper son évolutivité. "Il y a des signes cliniques qui peuvent nous alerter ou encore la lampe de Wood qui permet de mieux analyser les taches de vitiligo et d’apprécier le déficit en mélanocytes", poursuit la dermatologue. 
"Pour les vitiligos non actifs, les patients bénéficient d’un traitement de référence, aujourd’hui très bien codifié qui repose sur la photothérapie UVB et l’application de d’immunomodulateurs locaux (Tacrolimus) ou de dermocorticoïdes. C’est l’association des UV et du tacrolimus qui va relancer la pigmentation de la peau. Il ne faut donc pas plus protéger les zones dépigmentées avec un écran solaire, sinon on bloque le processus de repigmentation. Pour les vitiligos actifs, on peut proposer des "pulses de corticoïdes oraux" en association aux expositions aux UVB en cabine UV médicale, détaille le Dr Fourcade Roch. L’obtention d’une repigmentation est un phénomène long et le traitement nécessite souvent 6 à 24 mois pour donner des résultats satisfaisants."
Une nouvelle approche thérapeutique est désormais proposée aux patients pour éviter les récidives : le tacrolimus (visage) ou les dermocorticoïdes (corps) à appliquer 2 fois par semaine au long cours. Parmi les autres perspectives thérapeutiques, on note les inhibiteurs de la voie JAK. "Ce traitement administré par voie générale montrent des résultats encourageants."
Il existe aussi des traitements chirurgicaux mais très peu de cas sont éligibles. "On le propose pour les formes très localisées et très stables."
Enfin, pour la qualité de vie, le maquillage médical est conseillé. "Il apporte une amélioration en attendant la repigmentation. De même, les autobronzants peuvent masquer les lésions." Mais quelle que soit l’option choisie, il faudra être patient.