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détatouage

Tatouages ou détatouages : y a-t-il vraiment des risques pour la santé ?

15 % de la population dont 25 % des moins de 30 ans sont tatoués

Rose, papillon, ange, serpent, dragon : la mode du tatouage ne faiblit pas. Acte marginal il y a encore une vingtaine d'années, le tatouage est en pleine expansion et touche aujourd'hui toutes les classes. Preuve en est, il concerne 15 % de la population française dont 25 % des moins de 30 ans. Sans compter l'augmentation du nombre de tatoueurs. La France en compterait plus de 2 000. Mais se faire tatouer n'est pas un acte anodin et il vaut mieux être bien informé avant de passer à l'acte.
"Le tatouage n'est pas sans risque, explique Le Dr Sabrina Fourcade-Roch, dermatologue au centre Dermapôle à Marseille (photo). Le tatouage est en réalité une perforation de la peau avec une injection d'encre dans le corps."
L'année dernière, l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA) alertait sur les potentiels dangers des encres de tatouage. "Les encres sont un mélange de sels métalliques, dont certains métaux lourds comme le cuivre ou le nickel. Les pigments injectés dans le derme peuvent migrer dans les ganglions comme le rapportent différentes études, et il faudrait réglementer la composition des encres de tatouage", poursuit la spécialiste.

"Il n'y a pas assez de recul"

Aujourd'hui, certains s'interrogent sur les aiguilles, suspectées de toxicité. "Il ne faut pas céder à la panique, modère le Dr Fourcade. Il n'y a pas assez de recul. Concernant les aiguilles, il y avait, auparavant, un vrai risque infectieux, notamment des infections virales comme l'hépatite C ou le VIH, mais le risque est aujourd'hui quasi inexistant, car les tatoueurs ont fait de gros efforts d'hygiène dans leurs studios."
En revanche, ce qui est une réalité, ce sont les allergies liées aux pigments et particulièrement à ceux contenus dans l'encre rouge. "L'encre rouge est la principale pourvoyeuse d'allergie comme ses dérivés orange et violet, confirme la dermatologue. Cette allergie peut apparaître rapidement après le tatouage ou être retardée dans le temps. On voit chez des patients ce type d'allergie 40 ans après avoir été tatoué." Dans tous les cas, ces allergies se traduisent par un tatouage qui gonfle, qui devient sensible, qui gratte et est, parfois, croûteux.
Parmi les effets secondaires, les dermatologues notent aussi l'apparition de dermatoses, comme le psoriasis ou l'eczéma, sur la zone tatouée. "Ce sont des patients déjà traités pour ces pathologies."
Et puis, il y a le regret. "C'est assez fréquent." Les consultations en dermatologie pour se faire détatouer sont en forte augmentation comme le révèle la Société Française de Dermatologie (SFD). Les techniques d'effacement reposent sur la chirurgie, réservée au tatouage de petite taille ou sur les lasers pigmentaires spécifiques dits "Q-Switched".
"Le principe du laser est de fractionner les "morceaux" de couleur qui sont dans le derme pour qu'ils soient digérés par le système immunitaire puis éliminés, explique le Dr Fourcade.
Cette technique nécessite plusieurs séances et divers paramètres sont à prendre en compte. En premier lieu, la teneur en pigments. "Les tatouages récents sont plus chargés en pigments que les anciens. De même que les tatouages amateurs seront moins chargés que ceux réalisés par des professionnels." Autres facteurs, la surface et les couleurs : "Le jaune, le vert et le bleu sont des couleurs plus résistantes."
"Le détatouage doit être un acte médical fait par des médecins dermatologues, alerte cette dernière. De même, qu'il vaut mieux éviter de se laisser séduire par les encres détatoueuses que proposent certains salons. "Ce n'est pas assez réglementé, poursuit la spécialiste, et les principales remontées évoquent des risques cicatriciels."
Un homme averti en vaut deux, dit le dicton. Avant de se faire tatouer, mieux vaut réfléchir à ce que l'on veut. Outre le prix du tatouage, il vous en coûtera entre 70 et 300 euros par séance pour le faire disparaître. Et ce n'est pas remboursé par la sécurité sociale.
Article paru dans le journal La Provence, par Florence Cottin