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dermatite atopique

Dermatite atopique : les clefs pour mieux la soigner

Très fréquente, cette affection est pourtant encore mal connue. Décryptage

Sécheresse cutanée, rougeurs, démangeaisons persistantes intenses et souvent, des lésions cutanées importantes, la dermatite atopique ou eczéma atopique est l'une des maladies de peau les plus fréquentes et sa fréquence augmente. Elle représente environ 30 % des consultations de dermatologie. Des causes aux traitements, bien des rumeurs circulent sur cette maladie de peau. Décryptage et conseils pratiques avec le Dr Sabrina Fourcade (médaillon), dermatologue à l'hôpital Européen.

La dermatite atopique est une maladie inflammatoire.

Vrai. La dermatite atopique est une maladie inflammatoire chronique de la peau caractérisée par une hyperactivité immunitaire et une anomalie de la perméabilité cutanée. Cette dermatose évolue par poussées et provoque, dans les cas les plus sévères, des démangeaisons intenses pouvant s'étendre sur tout le corps.

La dermatite atopique ne touche que les enfants.

Faux. Elle peut débuter dans la petite enfance, entre 3 mois et 2 ans et s'atténuer avant l'adolescence (50 % avant 5 ans). Elle persiste toutefois à l'âge adulte dans environ 15 % des cas. Elle concerne en réalité 2 millions d'adultes en France. Chez le bébé, les lésions sont le plus souvent présentes sur les zones convexes du visage et des membres, sur le cuir chevelu et les fesses. Plus tard, on les retrouve au niveau des zones concaves : plis du cou, derrière les genoux, plis des coudes, des mains et autour de la bouche.

La dermatite atopique est une maladie héréditaire.

Vrai. Les études familiales ont montré que la dermatite atopique est effectivement associée à des facteurs de prédisposition génétique. Environ 70% des enfants touchés, ont, dans leur famille, une personne ayant elle aussi un terrain atopique. La probabilité pour un enfant de le développer augmente de 40 % à 50 % quand l'un des parents est également atopique, et de 50 % à 80 % lorsque les deux parents le sont.

La dermatite atopique est une maladie due au stress.

Vrai et Faux. Le stress en tant que tel ne provoque pas d'eczéma. Reste que le stress n'est pas neutre dans l'eczéma et qu'il favorise les poussées en cas de dermatite atopique. Cette dernière étant elle-même source de stress, un cercle vicieux peut se mettre en place.

L'eczéma atopique est contagieux.

Faux. Il est beaucoup de choses mais pas contagieux. Même en cas de poussées et d'inflammations.

Il ne faut pas trop se laver quand on a de la dermatite atopique.

Vrai. Trop d'hygiène n'est la bonne solution. Elle peut même favoriser l'apparition des poussées. D'ailleurs, les enfants touchés par l'eczéma atopique sont plus nombreux dans les pays industrialisés où l'hygiène peut être excessive. Ainsi, on évitera une exposition trop longue à l'eau. En revanche, favoriser les savons dermatologiques ou les huiles lavantes. Dernier conseil, bien couper les ongles des enfants pour éviter la surinfection s'ils se grattent.

Les dermocorticoïdes sont les seuls traitements.

Vrai et faux. L'objectif de la prise en charge est de contrôler cette maladie afin de diminuer les démangeaisons, les lésions cutanées et d'améliorer la qualité de vie des patients. Une hydratation quotidienne sous forme de laits, crèmes, baumes permet de restaurer la barrière cutanée. Une étude multicentrique a montré qu'appliquer fréquemment des crèmes émollientes AP + dans les premiers mois de la vie, diminue de façon significative le risque de survenue d'eczéma atopique. Lors des crises, les traitements proposés sont d'abord locaux. Les dermocorticoïdes ont une activité anti-inflammatoire dès l'apparition des rougeurs. En cas de dermatite atopique sévère ou de non-réponse aux traitements de première intention, il est indiqué d'introduire un traitement systémique. 2018 a d'ailleurs été une année charnière, avec l'arrivée de nouveaux traitements et notamment de la première biothérapie sous le nom de dupilumab.

Il est dangereux d'utiliser fréquemment les crèmes à la cortisone.

Faux. Les dermocorticoïdes ont une mauvaise réputation car on assimile à tort leurs effets à ceux des corticoïdes généraux. La pénétration des crèmes à la cortisone est localisée à la peau et pénètre très peu dans l'organisme.

Il y a un risque de rebond à l'arrêt des dermocorticoïdes

Faux. L'arrêt de l'application ne déclenche pas une poussée de l'eczéma. En revanche, cet effet "rebond" est causé par une mauvaise utilisation du traitement. Pour savoir si l'on peut arrêter les dermocorticoïdes, on ne doit voir plus aucune trace de plaques sur la peau.

Le soleil est bon pour l'eczéma.

Vrai. Les rayons solaires soulagent la dermatite atopique. 90 % des patients constatent même une amélioration lorsqu'ils s'exposent au soleil pendant leurs vacances. Pour les cas résistants, les dermatologues font, une fois encore, appel à la photothérapie, afin de calmer les poussées.
L'eczéma peut entraîner de l'asthme.
Faux. Contrairement aux idées reçues, l'eczéma ne provoque pas de l'asthme, mais l'asthme et l'eczéma sont tous deux liés au terrain atopique.
Article paru dans le journal La Provence, par Florence Cottin